La rupture
- twistedvains
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Updated: 2 days ago
Cette rupture, je ne l’ai pas voulue. Elle s’est imposée à moi, comme une lumière agaçante qui attaque des yeux endormis. Comme une situation imprévue, inconfortable, peu arrangeante, qui oblige à emprunter une nouvelle voie. J’étais plutôt bien sur le sentier qu’on pavait. Comment oses-tu m’en désorbiter ? Est-ce que c’est mon confort, justement, qui t’as fait tout exploser ? Qui t’as étouffé ? Il t’a peut-être fait réaliser que une fois que la chasse à mon amour était terminée et ma fidélité conquise, il ne te restait rien d’autre que l’inconfort de la cohabitation avec tes démons. Ton attention se tournerait alors nécessairement envers toi, et une vie entière dans ce mensonge serait insupportable. Tu m’as secouée pour ta survie. Dans le processus, tu as tué une partie de moi.
Quand a-t-elle commencé vraiment ?
Était-ce une écorchure qui a commencé à perler du sang ?
Était-ce un coup de grâce qui l’a vidé de sa vie ?
Était-ce une fracture que j’ai regardé guérir pendant des mois, des années ?
Alors une fois la fracture réparée, ne restait-il rien d’autre que de partir ?
As-tu été ma chambre d’hôpital ?
Etais-je alitée sous perfusion ?
Est-ce le début de ma propre vie ? Ou le début de ma maladie ? L’amputation sans anésthésie d’un membre de ma vie ?
Et si nos souvenirs s’affrontaient, ils souligneraient peut-être des instants différents. La mémoire collective du couple s’échoue contre les écueils de chacun de ses rochers. La mathématique de l’impression des sentiments sur un corps construit et déconstruit est aussi insaisissable que la physique prédictive de la direction des éclats des vagues.
Chaque mental est une prison. Notre mémoire conjointe m’apparaît maintenant comme une oasis. Je l’idéalise comme un coffre à vérités, une réalité évidente, une source à réponses, un dictionnaire. Mais depuis que le couple s’est dissout, l’oasis scintille et se désintègre. Des atomes de matière sans liaison. Une multitude sommaire qui ne forme pas un tout. Je l’approche puis la traverse, sans pouvoir m’en abreuver, m’en rafraîchir, ou m’y reposer.
Le chameau à mon bureau me rappelle la résilience. Mais ce n’est pas sous la soif, la faim et la chaleur que je dois survivre. Le bas de la pyramide est conquis, et facile pour le mental. La difficulté réside dans les tranches supérieures, la pointe. Quid de l’amour, de l’amitié, du manque d’autrui ? Sont-ce des graines que je dois cacher dans ma bosse et noyer dans mes réserves de pleurs ?
L’amour m’aurait désaltéré, plus que le sucre du palmier le plus riche. Les caresses m’auraient réchauffé, plus que les rayons du soleil.
J’ai eu tant de caresses que j’ai peut-être des réserves dans lesquelles je peux puiser. Mais je ne pensais pas devoir prévoir pour l’hiver, et le souvenir d’une caresse seul ne fait pas frissoner ma peau. Il manque ta main, ton souffle, ton regard. Tu m’as retiré ta tendresse comme une marée cruelle qui laisse périr un orque prisonnier du sable sec. Si je m’auto-mutile, je pourrai me guérir seule, sans toi. Si je répète l’opération suffisamment, je pourrai me ré-approprier mon corps, mon autonomie, mon respect. Je redeviendrai souveraine. Princesse prisonnière, impératrice veuve ou reine majestueuse ? Je ne sais pas encore.
Le risque de la solitude stérile arrête mes gestes et ralentit mon engouement.
Seule, mais pas trop. C’est l’équilibre délicat que les filles de mon âge entraînent en funambule.
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