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7 semaines après la rupture

Trois derniers sacs. Il ne reste que trois sacs de tout ton matériel qui avait une place chez nous. Tu as démonté ton armoire si vite que je me demande si c’est un signe de ton chemin juste. Nous avions pris les paris, et nous t’avions toutes sous-estimé. Nous ne sommes pas des vipères, je me veux seulement Erynie. Un bâton pour raviver tes souvenirs, un bec pour picorer ta conscience quand elle s’endort, une Pythie que tu seras forcé d’écouter ou de constater tôt ou tard.

Tu arrives dans une posture qui trahit ta honte. Ta voix m’étonne, elle est plus grave qu’avant. Comme si tu habitais déjà un peu plus ton corps. Je doute de l’enveloppe que j’ai connue et aimée. Ma question est simple : m’as-tu menti pendant ces 4 ans, vivais-tu une double vie ? des emprises effroyables à la cocaine, là où tu te disais trop fatigué pour rester éveillé toute la nuit pour faire l’amour ou se chamailler ? Tu commences par t’excuser et mentir. Tu finis arrosé d’un grand verre d’eau froide et crie au scandale, et à ma folie. Ma détermination empalera ta lâcheté au 7ème étage, Prométhée souillé et voué à dépérir. Tu me le dois.

Tu admets ton addiction. C’est un nom, un symbole, une identité et un adjectif.

Tu m’avoue qu’une solution à ton équation était que je sois toujours avec toi, et que tu ne consommes qu’avec moi. Je ne comprenais pas pourquoi tu insistais si sérieusement pour retourner à Londres avec moi, refaire une nuit-kétamine, je comprends mieux maintenant.

 

Les heures passent, je sens mon visage crispé dans des réactions involontaires, et non pas dans des expressions choisies. Tu pleures à chaudes larmes. J’ai envie de rire, mon puits séché se rafraîchit, ma balance pend – j’engloutis comme affamée de ces longues semaines de privation.

Ta pâte ressort timidement, je t’aide à modeler. On échange sur les dernières nouvelles périphériques, tu me fais rire et surpris de cette réaction oubliée, tu t’offusques.

Je fantasme.  Dimanche soir. L’horaire de la laverie arrête mes signaux. Tu t’en vas et me demandes un câlin. Je m’immobilise. Tu m’agrippes et me serre, je me délecte d’impuissance. Je sens une poulie puiser mon désir contre la gravité et contre mes convictions. Je m’immobilise. C’est à toi de prendre les rennes. Ta joue qui presse contre la mienne. Tes lèvres serrées sur ma clavicule. Ouvre la bouche, serre ta main sur ma nuque et mords en moi. Tu n’oseras pas. Je me mets sur la pointe des pieds. Je veux que tu sentes les pulsations de ma vulve chaude et je veux sentir si tu bandes fort. Est-ce pour cela que tu me serres si fort ? On reste dans un couloir trop éclairé, ma nuque trop tordue, et ton odeur trop étrangère depuis que nous ne partageons pas la lessive. Trop longtemps. Je me raidis, tu t’extraies. Tu trouves le courage de partir, là où j’espérais le courage de rester.

 
 
 

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