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16 semaines après la rupture

En plein cours d’anatomie-physiologie-pathologie à 13:13, je reçois « j’ai replongé, quitte-moi et oublie-moi ». Une douleur sourde dans tout mon corps. Mon oreille interne qui remue et me fait perdre l’équilibre physique et la sensation de volume de ma voix.

 

La vie est drôlement faite. Dans ta première chute découverte, j’ai encaissé et subi, attachée à mes examens approchants. Quatre mois plus tard, je suis de nouveau sur un banc d’école, à préparer de nouveaux examens. L’univers continuera de m’amener les mêmes scénarios tant que la leçon n’aura pas été apprise. Leçon comprise et intégrée.

 

C’est la première fois que tu me parles à cette heure-ci et que tu me dis la vérité. C’est aussi la première fois que tu passes ta journée à envoyer des messages de culpabilité, d’aveux et de détresse à tout ton entourage – c’est d’un pathos étrange. Ton honnêteté compte beaucoup d’un côté. De l’autre, c’est très lourd, puisque l’intensité et le danger ont pris un cran : tu ignores ton seul ami qui te rappelle à l’ordre quand il voit les petits sachets sortir des poches vers 200 du matin. Il te laisse, dépité, seul à ton démon. Tu restes cette fois-ci seul, dans un environnement, des visages et un quartier inconnus, pendant 10 longues heures de débauche.

 

Je suis sonnée et laisse passer plusieurs heures pour décanter ce choc sensoriel. Je te demande plus d’informations, une description de ton cerveau, puis tout commence à trouver un peu plus de sens, pour la première fois.

 

La réalité c’est que tu es obsédé par la validation des autres , mêmes s’il sont inconnus et même s’ils n’ont ni charisme, ni réussite sociale, ni famille, ni attaches, ni spiritualité, ni conscience. Tu les places sur un piédestal, bien au-dessus de ta famille, de tes amis ou de ta compagne et tu t’engouffres à leur donner des spectacles de bouffon du roi ou de singe de laboratoire en échange de drogue.Mon coeur pleure pour toi et pour ton âme, là où le tien s’insensibilise après dix ans de noirceur, là où ton âme est au précipice de la prise d’otage. Je n’ose te l’écrire, mais je pense que le takeover est désormais complété.


Tu as pour la première fois exporté et délocalisé toutes tes émotions de culpabilité, de honte, de rage, de déprime et de tristesse, qui coexistaient avec ta partie malade, sur ton entourage. Il ne t’en reste sûrement plus beaucoup contre toi, d’où ta voix apathique et froide. Ton père qui se demande ce qu’il a mal fait, ta mère qui se doute qu’elle ne t’a pas assez bien aimé. Tout comme moi qui me demandais si j’avais provoqué ces chutes chez toi ou émasculé ta voix et freiné ta guérison.


L’exocytose est totale. Encore une victoire pour ton démon qui a un champ libre, sans émotions contradictoires qui l’empêcheraient de te contrôler ou de te dompter. Tu ne fais que te victimiser, sans responsabilisation , sans expression de besoins, de désirs , sans questions , sans demandes, et encore une fois sans demander de l’aide. Tu ne fais que me montrer , honteux, le caca que tu as fait dans la pataugeoire, mais n’as aucune capacité d’offrir une solution et aucune capacité à demander de l’aide , l’ego sûrement  déjà trop gonflé, intransigeant et confiant de sa branlette intellectuelle. Tu n’as même pas la décence de couper le micro quand à tant de reprises tu te mouches fort, et non parce que tu pleures.


Mon cerveau peine à accepter à quel point tu es en réalité jeune , faible, sans défense et en danger.  Ton centre de contrôle est contaminé par un virus. Tu penses encore que “penser” et “y réfléchir” seront suffisants pour t’en sortir, alors que tu n’as jamais construit, ni poli, ni intégré les outils de lucidité, d’analyse , de code moral, de confiance en toi , d’intégrité , de réel problem-solving et de conscience que la validation vient de ton for intérieur et non pas de l’extérieur.La réalité c’est aussi que tu mentais tout de même ces derniers temps. Tu parlais de voyages amoureux, bien que ton démon te rendait visite encore fréquemment comme tu l’as admis. J’ai naïvement cru que c’était du passé et qu’il n’y aurait plus de telles visites.


Je pense que tu commences une autre spirale infernale, cette fois-ci en tant que bête noire et point focal de ton système familial, invité de ta prison et en régressant de plusieurs années, presque pré-adolescent ? Tu n’as pas voulu faire seul et aller chercher les bonnes ressources, tu te retrouves donc de nouveau dans une dynamique d’enfant impuissant et dépendant – d’une part, très violente pour ton ego et d’autre part très handicapante pour ta guérison , puisque si tu te plies aux protocoles et à la hauteur de leurs attentes en baissant la tête et en subissant,  tu risques de vouloir encore plus briser tes chaînes dès que possible et  t’échapper de ta vie à travers les substances. Tu n’as pas non plus voulu faire avec moi, ensemble, et cela me blesse et me renvoie à mes propres insuffisances – j’en fais le deuil. 4 mois plus tard, ça y est, il ne reste de nouveau qu’un “dommage” immense.


C’est très très morose et si loin de ce que l’on aurait pu être. Il n’y a plus de place pour les “j’aurais dû” et “j’aurais pu”, donc je me tais. Je t’exprime toute ma peine et mes condoléances et te laisse à regret à la vie que tu subis. Cette fois, tu me libères. Tu es très malade. Tu dissous ma culpabilité. Merci pour ce cadeau.

 

 

 
 
 

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