6 semaines après la rupture

C’est moi qui t’ai écrit. J’ai jeté un hameçon. C’est moi qui était démangée. Une fois que tu l’as attrapé, j’ai pu déferler toute ma colère. Tirer sur le fil coupant, lancer des lames supplémentaires juste parce que tu t’étais rapproché de mon radeau. C’est une punition. Plus je tire, plus je saigne. Ce n’est que colère, la mer n’est plus que rouge, l’esprit n’est plus que noir et le diable, c’est toi. Devant le mal, je défoule mon mal. Il s’excuse d’exister et se décharge tant que nous sommes encore au large. Quand tu repartiras, la mer séchera et ma voix aussi. C’est donc le moment de débiter.

Je m’éclipse pour la journée, dans le luxe d’une maison à Begnins. Les roses et les oliviers me narguent, la piscine me défie. Trop froid et trop chaud, je peux tout supporter. Je découvre un récit révoltant, conté par des fées unies par le plus grand des hasards. Elles racontent ton passé, tes écarts, ton caractère nécessairement associé à ces addictions depuis plus de 15 ans. Elles apprennent sans surprise mais avec déception qu’une fois de plus, tu as fait la même chose. Le schéma est le même, c’est la victime qui change. J’ai honte. J’ai tellement cru que j’étais différente. D’une part, ces informations me soulagent en réalisant que ton problème est bien plus grand que moi. Mais l’ambitieuse en moi éprouve l’échec, l’échec d’être associée à toutes ces histoires de jeunesse dans lesquelles tu n’avais pas d’amour, et l’échec de me dire que malgré tous mes enseignements et efforts, je n’ai pas su accéder à une autre issue que celle-ci. Je suis terrassée. Je veux te détruire.

Ni même le patrimoine de l’Unesco ne m’arrache les yeux de l’écran, ne m’offre le répit d’une pensée douce. Où que tu ailles, tu seras là. Quoique tu fasses, tu auras mal.