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1 jour après la rupture

Equinoxe de printemps.

Réveil. Diagonale dans le lit. Diagonale = seule. Culbute. Téléphone silencieux. 701. Je me lève hâtivement, voulant croire que tu es dans le salon en train de dormir, par galanterie pour mon sommeil réparateur. Tu n’y es pas. Je me traîne, péniblement, machinalement, dans la second chambre, et éteins la lumière d’appoint que je te laissais toujours allumée, par souci pour ton repérage nocturne et ivre.

Ce geste est la matérialisation physique de mon humiliation.

Je regarde autour de moi. Naissance me regarde, mais je n’y vois ni un nombril, ni l’univers. Les Ménades m’aperçoivent, mais elles sont crystallisées dans le contrecoup d’une fête endiablée et de la torpeur d’un matin trop chaud, et elles me dégoûtent. J’observe cet appartement, cette décoration que j’ai choisie pour nous, en compromis, et que seule je trouve abjecte. J’appréhende ce canapé énorme qui menace de m’engloutir si je m’y pose.

Je me décide à t’écrire, c’est la fin. Je descends de tes montagnes russes pour la dernière fois. Le diable chez qui tu es te trahit encore et encore. Il filtre les messages et les appels de tes amis qui le supplient de te chasser de chez lui. Le diable est bon hôte, il n’est que Dieu qui chassa de chez lui. Il te garde, prisonnier, et tu seras silencieux jusqu’au soir.

La descente s’accélère, l’auto-flagellation commence, les supplications aussi.

Comment se fait-il que tu n’aies pas la force de t’extraire de cette chambre noire ? De longues heures durant, comment peux-tu écrire plutôt que courir pour revenir ?

Mes copines sont là, au téléphone. On analyse les bribes d’information que l’on a, on amasse les indices et essaie de dessiner une ligne temporelle de ta soirée. Je suis surprise, prise de court. Je me suis couchée sereine, sans douter que ce serait un de ces matins.

 

Aujourd’hui, l’évidence soulage et me tord le poignet tout à la fois. Il n’y aura pas d’autre issue qu’à travers le tunnel que tu as choisis d’emprunter.

 
 
 

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